« Dire ou ne pas dire » telle est la question obsédante qui courre tout le long du livre de Camille Kouchner. Il aura en effet fallu attendre plus de trente ans pour que l’autrice libère sa parole. On ne présente plus les faits qui ont conduit à l’écriture de ce récit intime. Déflagration immense de ce début d’année, immense buzz dans les médias, le choc est énorme. Mais tout ce tapage et ces coulées d’encre façonnent des idées préconçues sur La Familia Grande. Seule sa lecture permettra de se forger son propre avis. On sera ainsi étonné de ne trouver aucun détail croustillant ou autre ragot attendu. A peine reconnaît-on une star de la télé derrière une belle-mère évoquée. Car l’essentiel n’est pas dans le name dropping. Le nœud de l'histoire, bien au contraire, est racontée de manière minimaliste avec une sincérité et une dignité qui happe le lecteur. Avec aussi la peinture parfois légère d’une époque, d’une génération, celle de la gauche d’après Mai 68. Confession et souvenirs de jeunesse se mêlent alors pour mieux faire comprendre la mécanique implacable de l’inceste. Et le courage qu’il a fallu à son autrice. Immense. La Familia Grande de Camille Kouchner, Seuil, 2021. « Petit, mon frère m’avait prévenue : “Tu verras, ils me croiront, mais ils s’en foutront complètement.” Merde. Il avait raison. »
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