top of page

Festival d'Avignon Off : La disparition de Josef Mengele

Nous sommes en juillet 1949. Après 3 semaines de voyage, Josef Mengele, médecin d'Auschwitz qui conduisit 400 000 personnes aux chambres à gaz, débarque à Buenos Aires sous une fausse identité. L’ange noir, comme il était surnommé, va alors entamer une vie paisible en Argentine durant une dizaine d’années, avant de s’enfuir au Paraguay pour disparaître en 1979 sur une plage brésilienne.


Repérée à l’occasion du festival Mises en capsules 2023, l’adaptation du livre d’Olivier Guez, La disparition de Josef Mengele, par Benoît Giros, est une réussite. Le comédien Mikaël Chirinian incarne avec intensité celui qui va raconter la fuite du bourreau nazi pendant trente ans. D’une voix au débit rapide, qui n’entame en rien sa diction parfaite, on sent la tension de la cavale, qui ne faiblira à aucun moment de ce récit stupéfiant.

Les premières années sont calmes. A Buenos Aires, où Mengele côtoie la “nazi society” de la ville qui abrite bon nombre de réfugiés ayant servi le Reich, le docteur reprend sa véritable identité et développe l’entreprise de machines agricoles familiale en Amérique du Sud. Il revient même en Europe pour rencontrer son fils Wolf, alors enfant. A partir de 1960, année de l’arrestation d’Eichmann par le Mossad, tout se complique. Mengele fuit au Paraguay puis au Brésil où il se réfugie chez des fermiers qui ignorent dans un premier temps qui il est. L’étau se resserre quand l’Allemagne de l’Ouest étend son mandat d'arrêt à ce pays en 61.


Grâce à la précision de l'écriture d’Olivier Guez et à l'adaptation de Benoît Giros, on comprend la personnalité de Mengele. Car si Mikaël Chirinian n'est pas Josef Mengele, il révèle avec finesse son caractère et sa psychologie. On devine un homme maniaque à l’extrême et ombrageux, frustré d’avoir perdu son pouvoir et son aura, et jaloux de ses anciens camarades restés en Allemagne, qui ont réussi à se fondre dans la société allemande en y retrouvant des situations professionnelles et sociales enviables. Obsédé par le contrôle, et sujet à de puissants tics, il mâchonne à tel point sa moustache qu'il en tombe malade et doit être opéré pour qu'on lui retire une boule de poils dans l’estomac ! C’est le portrait d’un homme qui n’éprouve aucun regret, qui, à aucun moment, n'interroge ses actes. On perçoit seulement son déni et son angoisse d’hommes traqué. Stupéfiant. 

Mikaël Chirinian quitte le plateau en alertant : “Il faut se méfier des hommes”. Ce spectacle d’utilité générale en est une parfaite illustration.


Tiré du livre d’Olivier Guez

Mise en scène de Benoît Giros

Avec Mikaël Chirinian 


Festival d'Avignon Off

Relâche le 15 juillet



Mikaël Chirinian, le narrateur © J-P. Larribe


0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page